La crise humanitaire qui met en péril la vie de millions de personnes : un millier de camions immobilisés à la frontière entre le Bénin et le Niger
4 minutesUn millier de camions bloqués depuis plus d’un mois à la frontière entre le Bénin et le Niger
Depuis le coup d’Etat à Niamey le 26 juillet dernier, un millier de camions se trouvent bloqués à la frontière entre le Bénin et le Niger. En raison des sanctions imposées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les marchandises du Programme alimentaire mondial, d’une valeur de 6 000 tonnes, sont retenues à l’extérieur du pays.
Une situation humanitaire critique
Les chauffeurs de camions, coincés depuis plus d’un mois, doivent tuer le temps comme ils le peuvent. Certains préparent du thé, d’autres étendent leur linge ou se reposent sous une tente de fortune. La zone béninoise voit une file de véhicules s’étendre sur près de 25 kilomètres depuis le poste frontière de Malanville. Les conséquences de ce blocus sont extrêmement graves : le Programme alimentaire mondial met en garde contre le risque de voir 10 millions de personnes incapables de se nourrir. Les livraisons de marchandises, notamment des céréales, de l’huile, de la nourriture pour enfants souffrant de malnutrition et des médicaments, sont cruciales pour atténuer la crise alimentaire qui frappe le pays.
Des sanctions qui paralysent le Niger
Les sanctions économiques décidées par la Cedeao font non seulement peser une grave menace sur la sécurité alimentaire, mais aussi sur la situation économique du Niger. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de manière significative depuis l’annonce des sanctions. Le riz a connu une hausse de 21% et le sorgho de 14%. Avant le putsch, déjà près de 3 millions de personnes avaient du mal à se procurer un repas par jour. En plus de l’approvisionnement en nourriture, le pays est également confronté à une coupure d’électricité en provenance du Nigeria voisin, ce qui complique notamment les soins dans les hôpitaux. Les conséquences humanitaires et économiques de ces sanctions sont donc catastrophiques pour le Niger et sa population.
Les conditions de vie des transporteurs routiers, quant à elles, se détériorent de plus en plus chaque jour. Le manque de nourriture et les conditions sanitaires précaires rendent leur situation très difficile. Face à cette situation, ils ne peuvent que déplorer leur sort et souhaiter une résolution rapide de cette crise.
La crise des transporteurs béninois
Des conducteurs en détresse
Les conducteurs du Borgou et de l’Alibori, deux départements du septentrion béninois, font face à une crise majeure. L’un d’entre eux devait livrer 47 tonnes de riz à Zinder, à l’est du Niger, mais son camion est immobilisé à 900 kilomètres de sa destination depuis plus de 40 jours. Sous la bâche du véhicule, les denrées alimentaires s’abîment à cause de l’humidité, ce qui entraîne d’importantes pertes financières pour les conducteurs.
Un problème de responsabilité
Le président des conducteurs du Borgou et de l’Alibori, Abdulrazak Koffi Bandele, se pose des questions quant à la responsabilité de cette situation. Qui devrait assumer les coûts liés à l’immobilisation des camions, la détérioration des marchandises et les pertes financières ? Le transporteur ? Le chauffeur ? Le propriétaire de la marchandise ? Les assurances ? Cette question reste sans réponse et les conducteurs subissent déjà d’importantes pertes financières.
Perspectives incertaines
Le retour des camions vers le port de Cotonou, situé à 730 kilomètres, s’avère impossible en raison du coût élevé du gasoil, ce qui accentuerait encore les pertes financières. De plus, le manque de places de parking disponibles complique davantage la situation pour les conducteurs. Abdulrazak Koffi Bandele exprime ainsi sa frustration face à l’inaction du gouvernement béninois et appelle à l’ouverture de la frontière pour résoudre cette crise.
La proposition rejetée de Bola Tinubu
Une transition de neuf mois pour la junte nigérienne
Bola Tinubu, président du Nigeria et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a proposé une transition de neuf mois pour la junte au pouvoir au Niger. Cependant, cette proposition a été immédiatement rejetée par l’organisation régionale, qui considère les actions des militaires comme inacceptables. Le Nigeria appelle néanmoins à des ajustements positifs de la part des généraux nigériens afin de mettre fin aux sanctions et d’alléger la souffrance de la population.
La menace d’une intervention armée
La Cedeao a déjà exprimé à plusieurs reprises sa volonté d’utiliser la force pour rétablir l’ordre constitutionnel. Cependant, une intervention armée à la frontière entre le Bénin et le Niger, où des groupes armés sévissent, pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les transporteurs routiers. Abdulazak Koffi Bandele s’inquiète des risques de pillage des marchandises et du chaos qui pourrait s’ensuivre. Toute la région est ainsi exposée à une instabilité potentielle si une guerre éclate.