La France ouvre ses portes à cinq Afghanes menacées par les talibans : récit d'une exfiltration réussie
3 minutesLa France accueille cinq Afghanes « menacées par les talibans »
Lundi 4 septembre après-midi, la France a accueilli cinq Afghanes, dont une accompagnée de trois enfants, qui étaient menacées par les talibans et exilées au Pakistan. Ces femmes ont dû fuir l’Afghanistan à la suite de la prise de pouvoir des talibans en 2021. Elles sont arrivées à l’aéroport Paris - Charles-de-Gaulle, plusieurs mois après avoir fui le régime taliban.
Des femmes ayant occupé des positions importantes en Afghanistan
Ces femmes, qui occupaient des postes tels que directrice d’une université, consultante pour des organisations non gouvernementales, présentatrice de télévision ou enseignante dans une école secrète de Kaboul, n’ont pas pu bénéficier des ponts aériens vers les pays occidentaux lors de la chute du pouvoir aux mains des talibans. Elles ont dû se diriger vers le Pakistan de manière indépendante.
Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), a indiqué que le président de la République portait une attention particulière à ces femmes menacées par les talibans en raison de leur rôle clé dans la société afghane ou de leurs contacts étroits avec les Occidentaux. Les cinq femmes seront hébergées dans un centre de transit en région parisienne à leur arrivée, enregistrées comme demandeuses d’asile, puis orientées vers des hébergements de longue durée en attendant que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) examine leurs dossiers.
Une opération d’exfiltration qui se poursuit au Pakistan
Le préfet Didier Leschi a souligné que cette opération d’exfiltration des Afghans vers la France, appelée “Apagan”, se poursuit à bas bruit. Il a précisé que si d’autres femmes correspondant à ce profil ont trouvé refuge au Pakistan, de telles opérations d’évacuation seront amenées à se reproduire.
Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile, a déclaré que bien que ces arrivées soient une bonne nouvelle, elles ne sont pas le fruit d’une décision politique, mais ont été obtenues de haute lutte par des militants qui ont bataillé pour obtenir des visas pour ces femmes. Un centre géré par France terre d’asile les accueillera dans un premier temps.
L’association demande un programme d’accueil ad hoc plus large
L’association Accueillir les Afghanes souligne la nécessité d’un « programme d’accueil ad hoc plus large » pour les femmes afghanes cachées au Pakistan. Mme Rouilleault, membre de l’association, estime leur nombre à des « centaines ». Cela fait suite à la promesse d’Emmanuel Macron en été 2021 de rester « aux côtés des Afghanes » lors de l’opération d’évacuation. Selon les autorités, 15 769 personnes ont été évacuées entre le printemps 2021 et juillet 2023.
Les femmes afghanes délaissées deux ans après la promesse d’Emmanuel Macron
Deux ans après la déclaration d’Emmanuel Macron, le collectif Accueillir les Afghanes, composé notamment de journalistes, déplore le sort des femmes afghanes, en particulier celles qui sont seules et n’ont pas les moyens de se faire aider. Selon le collectif, seules des initiatives ponctuelles menées par des journalistes, des chercheurs et des organisations leur permettent de quitter l’Afghanistan petit à petit. Ils appellent donc la France à mettre en place un programme d’accueil humanitaire d’urgence.
Les droits des femmes afghanes réduits par le régime taliban
Depuis le retour des talibans au pouvoir, les droits des femmes afghanes ont été progressivement réduits. Elles ne peuvent plus être scolarisées après 12 ans, accéder aux universités ni pratiquer des activités de loisirs comme se rendre dans les parcs ou les salles de sport. De plus, elles doivent se couvrir entièrement lorsqu’elles sortent de chez elles et ne peuvent plus travailler pour les ONG ni occuper la plupart des postes de fonctionnaires. Face à cette situation, la France terre d’asile déplore le silence du Quai d’Orsay et de l’Élysée sur d’éventuelles évacuations futures. L’opération d’évacuation n’a donc pas, pour le moment, valeur d’« engagement de la France ».