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Le roi Rama X fait un geste controversé en réduisant la peine de Thaksin Shinawatra à un an de prison
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Le roi Rama X fait un geste controversé en réduisant la peine de Thaksin Shinawatra à un an de prison

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Le roi Rama X réduit la peine de Thaksin Shinawatra à un an de prison

Le roi de Thaïlande, Rama X, a choisi de réduire à un an la peine d’emprisonnement de Thaksin Shinawatra, ancien premier ministre condamné pour corruption. Cette décision fait suite à la demande de grâce royale déposée par M. Shinawatra le jeudi précédent. Auparavant, l’ancien premier ministre avait été reconnu coupable de plusieurs affaires de corruption, ce qui lui aurait normalement valu une peine de huit ans d’emprisonnement.

Un retour controversé

Thaksin Shinawatra est revenu en Thaïlande après une période de quinze ans en exil volontaire pour éviter les poursuites judiciaires. Son retour coïncide avec la nomination du nouveau premier ministre, Srettha Thavisin, issu du parti Pheu Thai, fondé par M. Shinawatra et contrôlé par sa famille. Cette situation alimente les rumeurs persistantes d’un accord entre l’entourage de M. Shinawatra et l’armée, un sujet qui suscite l’interrogation depuis plusieurs semaines.

Des motivations suspectes

Le gouvernement thaïlandais a communiqué que la réduction de peine était motivée par le souhait de M. Shinawatra de mettre son expertise et son expérience au service du développement du pays. De plus, il a été évoqué la santé fragile de l’ancien premier ministre. Cependant, la rapidité de la décision du roi laisse planer des doutes sur les motivations réelles de cette décision, renforçant ainsi les rumeurs persistantes. Quoi qu’il en soit, le gouvernement a insisté sur le fait que M. Shinawatra a été un premier ministre dévoué au bénéfice du pays et du peuple, et qu’il est loyal envers l’institution monarchique.

M Shinawatra : Une figure controversée de la politique thaïlandaise

M Shinawatra est une figure majeure de la vie politique thaïlandaise, longtemps divisée entre ses soutiens, issus des milieux ruraux du Nord et du Nord-Est (les « rouges »), et ses adversaires conservateurs (les « jaunes »). L’ancien dirigeant, au pouvoir de 2001 à 2006, avait été condamné à huit ans de prison, pour trois affaires de corruption et d’abus de pouvoir jugées en son absence, ayant trait à sa gestion du pays et de son ancienne entreprise, Shin Corp.

Une popularité bâtie sur des politiques de redistribution, mais ternie par des accusations de corruption

L’ancien propriétaire du club de football de Manchester City, dont la fortune avoisinerait 2 milliards de dollars, a bâti sa popularité autour de politiques de redistribution pionnières dans un royaume frappé par les inégalités. Ses adversaires lui reprochent d’avoir mêlé ses affaires personnelles et celles de l’État. Malgré deux larges victoires, en 2001 et 2005, M Shinawatra a fini par être renversé par l’armée en 2006.

Un retour politique incertain dans un contexte de coalition controversée

De l’étranger, le magnat des télécoms a continué à exercer son influence, par l’intermédiaire de Pheu Thai, qui a notamment hissé au pouvoir sa petite sœur, Yingluck, victime elle aussi d’un coup d’État des généraux en 2014. Mais Pheu Thai a dû s’allier avec des formations favorables à l’armée (qui ont perdu les élections), ses anciens adversaires, qui occuperont plusieurs ministères : une main tendue considérée comme une contrepartie pour favoriser le retour de M Shinawatra, selon des analystes. Cette coalition controversée, qui a provoqué la colère d’une partie des « rouges », exclut les réformistes de Move Forward, vainqueurs du scrutin, dont le programme est jugé trop radical par les militaires, qui dominent les institutions. Mais Move Forward, populaire au sein des nouvelles générations, a échoué à obtenir l’investiture comme premier ministre de son chef de file, Pita Limjaroenrat, à cause de la résistance des milieux conservateurs qui s’opposent à son projet de réformer la loi sur la lèse-majesté.