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Général Oligui : Promesse de démocratie et lutte contre la corruption au Gabon
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Général Oligui : Promesse de démocratie et lutte contre la corruption au Gabon

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Le général Oligui promet des institutions « plus démocratiques » mais sans « précipitation »

Le général qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba au Gabon il y a deux jours a promis vendredi 1er septembre des institutions « plus démocratiques » et respectueuses des « droits humains », mais sans « précipitation ». Le général Brice Oligui Nguema a également ciblé « la corruption » de l’ancien pouvoir de M Bongo, dont la famille dirigeait ce petit Etat d’Afrique centrale riche de son pétrole depuis plus de cinquante-cinq ans.

Les rencontres avec les différentes parties prenantes

Lors de rencontres menées à un rythme effréné avec « les forces vives de la nation », des partis, le corps diplomatique, les organisations internationales et les bailleurs de fonds, il a insisté sur le fait qu’il voulait rassurer à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Cependant, en promettant une nouvelle Constitution et un nouveau code électoral, le nouvel homme fort du Gabon, qui doit prêter serment en tant que « président de la transition » lundi, a fermé la porte aux principaux partis de l’ancienne opposition qui l’exhortaient à rendre le pouvoir aux civils en le confiant à Albert Ondo Ossa, arrivé deuxième à la présidentielle du 26 août, qu’elle considère comme frauduleuse.

La volonté de mettre fin à la corruption et de garantir les droits humains

L’armée dit avoir perpétré son putsch mercredi parce que les résultats proclamant M Bongo réélu avaient été truqués et que son régime était marqué par une « gouvernance irresponsable et imprévisible » ainsi que par la corruption. Le général avait convié vendredi le corps diplomatique et les organisations internationales, mais les pays, occidentaux et africains notamment, qui avaient condamné le coup d’Etat, n’ont pas dépêché leurs ambassadeurs mais des diplomates de rang inférieur, ont témoigné pour l’Agence France-Presse (AFP) des participants.

Le leader du putsch a affirmé que la dissolution des institutions était « temporaire », assurant qu’il s’agissait d’en faire « des outils plus démocratiques », notamment en « matière de respect des droits humains, des libertés fondamentales, de la démocratie et de l’Etat de droit, mais aussi de la lutte contre la corruption qui est devenue monnaie courante dans notre pays ». Devant la société civile, le général Oligui, chef de la toute-puissante garde prétorienne de la famille Bongo, a ensuite promis une nouvelle Constitution, et un nouveau code électoral, mais sans « confondre vitesse et précipitation ». « Qui va lentement, va sûrement », a-t-il asséné.

M Bongo est en résidence surveillée à Libreville depuis le coup d’Etat.

Sylvia Bongo détenue au secret, ses avocats déposent une plainte en France

Les avocats de Sylvia Bongo, épouse franco-gabonaise d’Ali Bongo, ont annoncé vendredi avoir déposé une plainte en France pour détention arbitraire. Selon eux, elle est détenue au secret. Cette information a été révélée lors d’un discours du général Oligui, retransmis par les télévisions d’État, dans lequel il a accusé certains chefs d’entreprises gabonaises d’avoir participé à la corruption.

Menaces de poursuites contre les chefs d’entreprises gabonaises

Le général Oligui a sermonné plus de deux cents chefs d’entreprises gabonaises lors de son discours. Il les a menacés de poursuites judiciaires en les accusant d’avoir alimenté la corruption au sommet du pouvoir. Il leur a reproché un manque de “patriotisme” et les a sommés de remettre en cause leurs pratiques. Il a particulièrement dénoncé la surfacturation dans les contrats avec l’État, qui donne lieu à des rétrocommissions pour les hauts responsables.

Arrestation de proches de Noureddin Bongo et de Sylvia Bongo

Dans le même temps, les télévisions publiques ont diffusé des images de Noureddin Bongo Valentin, fils du président déchu, et d’autres jeunes proches de lui ainsi que de Sylvia Bongo. Ces images montrent des malles, des cartons et des sacs remplis de liasses de billets de banque, totalisant des milliards de francs CFA. Les putschistes les accusent de haute trahison, de détournements massifs de fonds publics et de falsification de la signature du chef de l’État.

Les avocats de Sylvia Bongo ont déposé plainte pour détention arbitraire avec son fils Jalil. Ils réclament l’autorisation de visites de membres du Consulat général de France à Libreville. Ces dernières années, Sylvia Bongo et Noureddin Bongo ont été la cible d’accusations de l’opposition, de la société civile et des médias. Ils affirmaient qu’Ali Bongo, affaibli depuis un AVC en 2018, était manipulé par certains de ses proches.

Ali Bongo a succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, à la présidence du Gabon en 2009. Il a été réélu en 2016 dans un scrutin contesté par l’opposition, qui dénonçait des fraudes. Omar Bongo a dirigé le pays pendant plus de quarante et un ans et était un des acteurs clés de la Françafrique.