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L'essor fulgurant de la Saudi Professional League : Comment l'Arabie saoudite a conquis l'attention du monde du football en quelques mois
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L'essor fulgurant de la Saudi Professional League : Comment l'Arabie saoudite a conquis l'attention du monde du football en quelques mois

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Football : Comment l’Arabie saoudite attire l’attention avec son championnat en quelques mois

L’été 2023 restera dans les mémoires du monde du football. Avec la fermeture imminente des marchés des transferts dans les grands championnats européens, l’Arabie saoudite s’est positionnée comme un acteur incontournable. Mais derrière l’attrait immédiat, des questions persistent quant à l’équilibre et la pérennité de ce championnat.

Le pouvoir du Public Investment Fund (PIF) au cœur de cette expansion saoudienne

Le sigle PIF, soit le Public Investment Fund (Fonds public d’investissement), est la clé de voûte de cette opération. Avec une valeur estimée à plus de 700 milliards d’euros par l’institut Global Sovereign Wealth Funds, ce fonds permet au prince héritier Mohammed Ben Salman de mener à bien le projet “Vision 2030”. Ce vaste plan vise à diversifier l’économie du pays et à améliorer son image à l’international, alors que l’Arabie saoudite est régulièrement critiquée sur les questions des droits humains. C’est grâce à ce fonds souverain que le club anglais de Newcastle a été racheté à l’automne 2021.

Au début du mois de juin 2023, le PIF a réalisé une autre acquisition majeure : l’achat de 75% des parts de quatre clubs de première division saoudienne. Ces clubs ont été transformés en sociétés bénéficiant de moyens quasiment illimités, ce qui leur a permis de se lancer dans une frénésie de recrutement en provenance d’Europe.

Les clubs saoudiens se dotent d’équipes de rêve grâce à leurs nouveaux moyens

Parmi les clubs bénéficiant de cette manne financière, deux sont basés à Riyad : l’Al-Nassr, qui compte Cristiano Ronaldo dans ses rangs depuis le début de l’année, et Al-Hilal, nouveau foyer de Neymar. Les deux autres clubs se trouvent à Djeddah, ville côtière près de La Mecque : Al-Ittihad, où évolue le Ballon d’or 2022 Karim Benzema, et Al-Ahli, qui s’est offert notamment le Brésilien Roberto Firmino et l’Algérien Riyad Mahrez.

Ces quatre clubs historiques du pays ont remporté 39 des 48 titres de champion depuis la création du championnat national en 1974. Avec les recrutements de joueurs de renom tels que Sadio Mané, N’Golo Kanté et Seko Fofana, les chances de voir cette hégémonie être brisée cette saison semblent minces.

Les prolongations du mercato saoudien suscitent des inquiétudes en Europe

Alors que le marché des transferts dans les grands championnats européens tire à sa fin, les clubs européens peuvent encore vendre des joueurs, mais ne peuvent plus en acheter. Cependant, l’Arabie saoudite a choisi de jouer les prolongations en autorisant ses clubs à réaliser des acquisitions jusqu’au 20 septembre.

Cette situation n’est pas sans inquiéter certains entraîneurs, à l’instar de Jürgen Klopp, manager de Liverpool, qui considère ce décalage comme “la pire des choses”. Il en appelle aux instances européennes et internationales pour trouver des solutions à ce problème.

Nul ne sait si les équipes saoudiennes auront le temps de se renforcer davantage d’ici le 20 septembre, mais une chose est sûre : l’Arabie saoudite a réussi à se forger un championnat attrayant en un temps record. Reste à voir si cette belle histoire se poursuivra sur le long terme.

L’Arabie saoudite s’impose dans le monde du football international

Le règlement du championnat impose une limite de huit joueurs étrangers par équipe, une limite que la plupart des équipes ont déjà atteinte. Certains joueurs, tels que Ryad Boudebouz, ancien joueur de Ligue 1 (Montpellier, Saint-Etienne), sont poussés vers la sortie pour faire place aux nouvelles recrues saoudiennes. Cependant, s’ils ne parviennent pas à vendre, ils devront freiner leurs ardeurs.

L’exemple de la Chinese Super League

Dans les années 2010, la Chinese Super League avait tenté de devenir l’eldorado du football en attirant des stars mondiales telles que Hulk, Oscar et Didier Drogba. Cependant, malgré ces investissements, les résultats sportifs n’étaient pas au rendez-vous et plusieurs clubs, dont le célèbre Guangzhou Evergrande de Canton, ont peu à peu sombré dans l’oubli.

L’avenir de la RSL semble différent

Trois facteurs laissent penser que l’histoire de la Saudi Professional League (RSL) pourrait être différente. Tout d’abord, le gouvernement saoudien souhaite mettre le football au cœur de la reconnaissance et du rayonnement du pays. Ils envisagent même d’accueillir la Coupe du monde en 2034, à l’image de leur voisin qatari.

De plus, contrairement à la Chinese Super League et à la Qatar Stars League, le championnat saoudien est déjà une référence du football sur le continent asiatique. Le club Al-Hilal, par exemple, compte quatre titres de Ligue des champions asiatiques à son actif.

Enfin, l’Arabie saoudite ne vise pas à créer un championnat pour les joueurs « préretraités ». Les joueurs recrutés cet été par les quatre clubs soutenus par le PIF en provenance des championnats européens ont en moyenne 29 ans, l’âge où les joueurs atteignent leur pic de carrière. Ce chiffre démontre l’ambition mondiale du football saoudien.

La RSL conquiert l’Europe

L’Arabie saoudite a réussi là où la China Super League, les États-Unis et d’autres championnats extra-européens ont échoué : la diffusion en Europe. Canal+ diffusera trois rencontres par journée en France pour les deux prochaines saisons, tandis que le site de streaming DAZN s’en occupera pour l’Angleterre, l’Allemagne et l’Autriche. La Saudi Professional League devient ainsi un championnat qui compte également sur le continent européen.