Photo non contractuelle
Russie : La fin des sanctions au Mali malgré les inquiétudes sur les droits de l'homme

Russie : La fin des sanctions au Mali malgré les inquiétudes sur les droits de l'homme

 3 minutes

La Russie met son veto à la poursuite de sanctions au Mali

La résolution rédigée par la France et les Emirats arabes unis visait à prolonger d’un an le dispositif en vigueur à l’encontre de huit individus accusés de mettre en péril l’accord de paix de 2015 au Mali. Le mandat d’un comité d’experts devait aussi être prolongé.

La junte malienne obtient gain de cause grâce à la Russie

La Russie a mis son veto mercredi 30 août à une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies prolongeant les sanctions contre des Maliens menaçant la paix dans leur pays. Rédigée par la France et les Emirats arabes unis, la résolution prévoyait de prolonger d’un an le régime de sanctions mis en place en 2017 et le mandat du comité d’experts chargé de surveiller son application. Elle a recueilli 13 voix en sa faveur, une abstention (Chine) et une voix contre (Russie).

Les sanctions prennent fin malgré la demande de la junte malienne

Les sanctions, qui visaient toute personne violant ou faisant obstacle à l’accord de paix de 2015, entravant l’acheminement de l’aide, commettant des violations des droits ou recrutant des enfants soldats, prendront fin jeudi. Étaient concernés huit individus, notamment des responsables de groupes signataires de l’accord de 2015 accusés de le mettre en péril. C’est le gouvernement malien de l’époque qui avait réclamé ces sanctions, mais la junte aujourd’hui au pouvoir dans le pays demandait leur levée.

Le Mali demande la fin du mécanisme de surveillance de l’accord de paix

Le ministre des affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, a récemment demandé la fin du mécanisme de surveillance de l’accord de paix de 2015, affirmant que les « belligérances entre les mouvements signataires » avaient pris fin. Selon lui, la raison à l’origine de cette demande n’existe plus. Cependant, un récent rapport du comité d’experts a souligné la « paralysie » de l’application de l’accord et a fait état de tensions grandissantes entre les groupes signataires. De plus, certains de ces groupes se sont armés face à ce qu’ils considèrent comme des menaces de la part des forces armées maliennes.

La Russie souhaite dissoudre le comité d’experts

Malgré les préoccupations soulevées par le rapport du comité d’experts, la Russie a proposé de prolonger les sanctions, mais seulement une dernière fois. Elle a également demandé la dissolution du comité d’experts, contesté pour son objectivité par Bamako et Moscou. La Russie a été le seul pays à voter en faveur de cette proposition, tandis que le Japon s’y est opposé et que les treize autres membres se sont abstenus. L’ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l’ONU, Robert Wood, a accusé la Russie de vouloir mettre fin à la mission du comité de surveillance afin d’étouffer la publication de vérités gênantes sur les actions du Groupe Wagner au Mali, qui nécessitent une attention particulière.

Des soldats maliens soupçonnés de violence contre les femmes

Le comité indépendant de surveillance a révélé récemment que des soldats maliens et leurs partenaires en matière de sécurité, soupçonnés d’appartenir au groupe paramilitaire russe Wagner, utilisaient la violence contre les femmes et commettaient d’autres graves abus des droits de l’homme afin de répandre la terreur. Ces allégations soulèvent de vives inquiétudes quant au respect des droits de l’homme au Mali et nécessitent une enquête approfondie. Il est donc crucial que le mécanisme de surveillance de l’accord de paix soit maintenu afin de garantir la responsabilité des auteurs de ces violations.