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Interdiction de l'abaya à l'école : la polémique divise les politiques français
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Interdiction de l'abaya à l'école : la polémique divise les politiques français

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Interdiction de l’abaya à l’école : les politiques divisés

L’interdiction de l’abaya, une robe longue portée par des élèves musulmanes, divise les politiques français. Tandis que la droite salue cette décision, la gauche est divisée sur la question de la laïcité. Depuis un an, le nombre de signalements pour “atteintes à la laïcité” est en augmentation, mais seule une minorité d’établissements est concernée par cette interdiction.

Un flou règlementaire

Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal, souligne que le conflit naît du manque de clarté concernant la règle. Selon lui, l’interdiction des vêtements tels que l’abaya ou le qamis (une longue tunique portée par les garçons) doit permettre aux chefs d’établissements de disposer de lignes directrices nationales. Jusqu’à présent, chaque établissement avait une marge d’interprétation : l’abaya était tolérée dans certains collèges et lycées, mais interdite dans d’autres.

Pour éviter les situations conflictuelles, Gabriel Attal estime qu’un dialogue précoce permettra de régler la plupart des cas. Toutefois, afin de soutenir les chefs d’établissements, le ministère a prévu un accompagnement humain pour la rentrée scolaire. Le ministre reconnaît que certains établissements pourraient rencontrer davantage de difficultés et mise sur la pédagogie et l’échange avec les familles pour résoudre les problèmes.

Divisions politiques

La décision d’interdire l’abaya divise la coalition Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) à gauche. Certains élus du Parti socialiste (PS) et du Parti communiste français (PCF) soutiennent cette mesure au nom de la laïcité. La France insoumise (LFI) dénonce quant à elle une décision islamophobe, tandis qu’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) y voit une stigmatisation.

Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, a réagi en appelant à la paix civile et à une vraie laïcité qui rassemble plutôt qu’elle ne divise. La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a raillé sur les réseaux sociaux l’obsession de Gabriel Attal concernant les musulmans, plus précisément les musulmanes. La députée LFI Clémentine Autain s’est indignée en se demandant jusqu’où ira le contrôle vestimentaire, considérant cette décision comme anticonstitutionnelle et symptomatique du rejet des musulmans.

En juin, Jean-Luc Mélenchon avait déjà exprimé son opinion selon laquelle l’abaya n’a rien à voir avec la religion. Selon lui, le véritable problème de l’école est le manque de professeurs, une position partagée par le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui affirme que l’abaya n’est pas un signe religieux musulman.

L’école publique de Macron critiquée par les écologistes

La décision de Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale, d’interdire le port de l’abaya et du qamis dans les écoles, suscite des réactions mitigées. Du côté des écologistes, cette annonce est perçue comme une tentative de détourner l’attention de la politique de démantèlement de l’école publique, menée par Macron. Cyrielle Chatelain, cheffe du groupe à l’Assemblée, estime ainsi que la priorité ne devrait pas être de se focaliser sur l’exclusion et la stigmatisation.

Des réactions partagées au sein des partis politiques

Certaines voix du Parti socialiste accueillent la décision plus favorablement. Le député Jérôme Guedj, défenseur de la laïcité, rappelle que l’interdiction des signes ostensibles à l’école est une conséquence du principe de laïcité. Il souligne que si l’abaya et le qamis sont portés de manière ostentatoire, ils doivent être interdits, conformément à la loi de 2004. Pour lui, il ne s’agit pas d’un contrôle vestimentaire, mais plutôt d’une mesure visant à prévenir le prosélytisme à l’école. Il profite cependant de l’occasion pour rappeler à Gabriel Attal l’importance d’assurer la présence d’un enseignant devant chaque classe.

Au contraire, la députée socialiste Fatiha Keloua Hachi ironise sur l’importance donnée à cette décision, soulignant qu’il n’y a pas de manque d’enseignants, d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), de médecins scolaires, que les classes ne sont pas surpeuplées et que la mixité sociale est une réalité.

Applaudissements à droite et soutien de la gauche modérée

Du côté de la droite, la décision est saluée par Eric Ciotti (LR) qui avait réclamé à plusieurs reprises l’interdiction des abayas dans les écoles. Il souligne ainsi que le ministre a pris une décision conforme à leurs demandes et soutient cette initiative.

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, considère également que l’école est un lieu de laïcité et rappelle que les adultes ne peuvent pas porter de signes religieux ostentatoires dans d’autres lieux, comme le milieu hospitalier. Il explique que la décision a été prise en tenant compte des demandes des chefs d’établissement, qui souhaitaient un soutien plus ferme du ministère.

Ces déclarations interviennent alors que les signalements pour “atteintes à la laïcité” ont augmenté de 120% entre l’année scolaire 2022-2023 et la précédente. Les questions vestimentaires représentent désormais plus de 40% des remontées mensuelles, contre 15% à 20% auparavant. Cette augmentation est due à une offensive idéologique, à des provocations sur les réseaux sociaux et à une volonté de rébellion chez les adolescents, selon notre journaliste Violaine Morin.

Finalement, il est important de noter que dans l’absolu, les établissements concernés par cette interdiction sont peu nombreux, soit environ 150 sur un total de 10 000 collèges et lycées, dont seulement quelques-uns comptent plus de dix cas.