Le handicap intellectuel à l'école : des milliers d'enfants privés d'une scolarisation adaptée, l'Unapei tire la sonnette d'alarme
4 minutesHandicap intellectuel à l’école : l’Unapei dénonce les obstacles persistants
À une semaine de la rentrée des classes, l’Unapei, principale association dans le secteur du handicap intellectuel, dénonce le manque d’accès à une scolarisation adaptée pour des milliers d’enfants en situation de handicap. Dans un communiqué, Luc Gateau, le président de l’Unapei, s’insurge contre le non-respect des droits à l’éducation de ces enfants.
Des chiffres alarmants révélés par une étude de l’Unapei
Afin d’évaluer l’ampleur du problème, l’Unapei a mené une étude auprès d’un échantillon de 2 103 enfants accompagnés par ses antennes locales, dans six régions de France. Les résultats sont alarmants : 23% des enfants n’ont aucune heure de scolarisation par semaine, 28% bénéficient de zéro à six heures, 22% bénéficient de six à douze heures et seulement 27% ont plus de douze heures d’enseignement hebdomadaire. De plus, certains enfants handicapés scolarisés se retrouvent dans des classes qui ne sont pas adaptées à leurs besoins, déplore l’Unapei.
Les témoignages de familles indignées
Les familles concernées par cette situation intolérable témoignent de leur frustration. Julie, mère de Noah, âgé de huit ans et atteint de troubles autistiques, raconte que malgré quatre ans d’attente pour une place en classe Ulis, spécialisée dans l’accueil d’élèves handicapés, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) a orienté son fils vers un Institut médico-éducatif (IME), faute de place. Ainsi, Noah sera placé en CE1 au sein d’une école ordinaire en septembre. Julie exprime sa déception face à cette situation, soulignant que c’est à cet âge que son fils pourrait apprendre le plus. Elle estime que les enfants handicapés sont “oubliés de la société”. Caroline, une autre mère, regrette également la lourdeur administrative pour obtenir une place en classe Ulis pour son fils atteint de troubles de l’attention. Ayant fait un recours en mai après un refus initial, elle attend toujours une réponse concernant la rentrée prochaine, ce qui est particulièrement stressant pour son fils.
Ces témoignages mettent en lumière l’injustice dont sont victimes ces enfants handicapés. Une situation qui ne devrait pas perdurer et qui appelle à une action immédiate pour garantir à tous les enfants l’accès à une scolarisation adaptée à leurs besoins.
Les familles de personnes handicapées expriment leurs préoccupations pour la rentrée scolaire
L’Unapei, une association française qui soutient les personnes en situation de handicap intellectuel et leurs familles, a récolté 880 témoignages sur un site dédié, faisant état des différentes difficultés rencontrées pour la rentrée scolaire.
Le gouvernement promet son engagement en faveur de l’école inclusive
La ministre déléguée aux personnes handicapées, Fadila Khattabi, a tenu à affirmer que l’école pour tous est une priorité gouvernementale. Elle souligne la nécessité de concentrer les efforts sur la qualité de l’accompagnement, en renforçant la présence des professionnels du médico-social au sein des établissements scolaires.
Les inquiétudes persistent quant à la mise en œuvre et au financement des projets
Sonia Ahéhéhinnou, vice-présidente de l’Unapei, exprime ses craintes quant à un potentiel effet d’annonce de la part du gouvernement. Elle estime qu’il est primordial de mettre en place un observatoire afin d’évaluer les besoins et pouvoir ainsi adapter correctement les modalités de scolarisation et d’accompagnement.
Hausse significative du nombre d’enfants handicapés à l’école
Au cours des dernières années, le nombre d’enfants handicapés accueillis à l’école a considérablement augmenté. Selon le ministère des personnes handicapées, ils seront plus de 430 000 à faire leur rentrée en 2023, soit une hausse de 34% par rapport à 2017. Le nombre d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) a également augmenté de 42% depuis 2017, et environ 136 000 d’entre eux seront présents à la rentrée.
Delphine Garreau, une technicienne d’atelier dans l’aéronautique, témoigne de l’importance des AESH pour son fils atteint de troubles autistiques. Elle regrette cependant le manque de communication entre l’accompagnant et la famille de l’élève, ainsi que l’absence de formation spécifique. Elle espère vivement que son fils sera accompagné par la même personne que l’année précédente pour sa rentrée en 4e, après des années de scolarité fragmentée.