Scandale diplomatique en Libye : la cheffe de la diplomatie suspendue après une rencontre « fortuite » avec Israël
4 minutesLa cheffe de la diplomatie libyenne suspendue après une rencontre « fortuite » avec son homologue israélien
Le scandale de la rencontre entre Najla Al-Mangoush et Eli Cohen
La ministre des Affaires étrangères libyenne, Najla Al-Mangoush, a été suspendue par le chef du gouvernement libyen, suite à sa rencontre avec Eli Cohen, le ministre des Affaires étrangères israélien. Cette rencontre, qualifiée de « fortuite », a eu lieu à Rome, en Italie. Le gouvernement de Abdelhamid Dbeibah a annoncé que Najla Al-Mangoush était suspendue temporairement et faisait l’objet d’une enquête administrative menée par une commission dirigée par la ministre de la Justice.
La version d’Eli Cohen et la réaction du gouvernement libyen
Eli Cohen a déclaré avoir eu une discussion « inédite » avec Najla Al-Mangoush lors de leur rencontre à Rome. Selon lui, il a évoqué le potentiel de relations diplomatiques entre les deux pays. Cependant, le ministère des Affaires étrangères libyen a réagi en qualifiant cette rencontre de « fortuite » et « non officielle ». Ils ont souligné qu’il n’y a eu aucune discussion, accord ou consultation entre les deux ministres. Le ministère libyen a également affirmé que Najla Al-Mangoush avait clairement exprimé la position de la Libye sur la question palestinienne et qu’elle avait refusé de discuter avec toute partie représentant Israël.
Dénonciation de l’exploitation médiatique et évoquer l’héritage juif en Libye
Le ministère des Affaires étrangères libyen a dénoncé l’exploitation de cet « incident » par les médias hébraïques et internationaux, qui tentent de le présenter comme une réunion ou des pourparlers. Ils ont également souligné que cette rencontre ne remettait en aucun cas en question la position de la Libye vis-à-vis de la question palestinienne. De son côté, Eli Cohen a indiqué qu’il avait discuté avec Najla Al-Mangoush de l’importance de préserver l’héritage du judaïsme libyen en réparant les synagogues et les cimetières juifs dans le pays.
Israël et la Libye : une première étape dans les relations bilatérales
Israël et la Libye ont récemment dévoilé leur volonté de renforcer leurs relations diplomatiques. Cette annonce a été perçue comme une première étape significative entre les deux pays. Selon des sources gouvernementales israéliennes, la Libye présente une opportunité immense pour Israël en raison de sa taille et de sa position stratégique.
Réactions mitigées au sein du Conseil présidentiel libyen
Suite à cette annonce, le Conseil présidentiel libyen, un organe exécutif doté de certains pouvoirs, a réclamé des éclaircissements au gouvernement. La porte-parole du Conseil présidentiel, Najwa Wheba, a confirmé cette correspondance. Le Conseil présidentiel considère cette démarche comme ne reflétant pas la politique étrangère de la Libye, ni les valeurs nationales du pays. Il estime également qu’il s’agit d’une violation des lois libyennes, lesquelles interdisent la normalisation des relations avec Israël.
Mouvements de protestation et opposition à la normalisation avec Israël
La nouvelle de la possible normalisation des relations entre la Libye et Israël a suscité des mouvements de protestation spontanés. Ces manifestations ont commencé à Tripoli, la capitale, et se sont rapidement étendues à d’autres villes du pays. Des jeunes ont bloqué les routes, brûlé des pneus et arboraient le drapeau palestinien pour manifester leur refus catégorique de toute normalisation avec Israël. Les manifestants ont également exigé la démission de Mme Mangoush, la ministre des Affaires étrangères.
Contexte historique et politique complexe
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans un chaos politique et sécuritaire. Les relations diplomatiques entre la Libye et Israël sont quasi-inexistantes. La majeure partie de la communauté juive libyenne a quitté le pays après la Seconde Guerre mondiale, principalement pour s’installer en Israël. Au moment du coup d’État de Mouammar Kadhafi en 1969, les juifs encore présents en Libye ont été expulsés, leurs biens confisqués et plusieurs synagogues ont été détruites.
Israël a progressivement établi des relations diplomatiques avec certains pays arabes ces dernières années, dans le cadre des accords d’Abraham parrainés par les États-Unis. Cependant, les actions du gouvernement actuel de Benyamin Nétanyahou ont été vivement critiquées par les pays arabes, en raison des récents épisodes de violences en Cisjordanie occupée ainsi que de la poursuite de la colonisation dans cette région.