Photo non contractuelle
Présidentielle au Zimbabwe : Mnangagwa réélu dans un scrutin marqué par la contestation et les fraudes
Articles similaires

Présidentielle au Zimbabwe : Mnangagwa réélu dans un scrutin marqué par la contestation et les fraudes

 3 minutes

Présidentielle au Zimbabwe : Mnangagwa réélu, l’opposition conteste

Le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, a été réélu pour un second mandat à l’issue d’un scrutin tendu marqué par des dysfonctionnements majeurs. Les résultats, officiels depuis le samedi 26 août, ont été immédiatement rejetés par le parti de son principal rival, Nelson Chamisa, qui a dénoncé des fraudes constatées par les observateurs internationaux.

Des résultats contestés par l’opposition

Selon la commission électorale, M. Mnangagwa a obtenu 52,6% des suffrages exprimés, contre 44% pour Nelson Chamisa, à la tête de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), le premier parti d’opposition. Les Zimbabwéens se sont rendus aux urnes mercredi et jeudi pour choisir leur président et leurs députés, avec une participation d’environ 69% des inscrits. Toutefois, le scrutin a connu de nombreux problèmes, tels que le manque de bulletins dans certains bureaux, en particulier dans la capitale Harare, un bastion de l’opposition.

Le CCC avait déjà dénoncé des “fraudes” et des “entraves” lors du vote, et a rejeté les résultats. “Nous n’avons pas entériné les résultats parce qu’ils sont faussés. Le contexte électoral et préélectoral n’était pas favorable, en particulier pour nous”, a déclaré Promise Mkwananzi, porte-parole du parti. “Nous ne pouvons pas accepter les résultats”, a-t-il affirmé.

Une majorité pour le parti présidentiel

Le parti présidentiel, le Zanu-PF, a également remporté une majorité au Parlement, obtenant 136 des 210 sièges directement attribués par les électeurs. Le CCC, quant à lui, a obtenu 73 sièges. Un siège n’a pas été attribué en raison du décès d’un candidat. Soixante autres sièges, réservés à des femmes, doivent encore être attribués selon un système proportionnel par parti.

Observateurs internationaux soulèvent doutes sur le processus électoral au Zimbabwe

Les observateurs de l’Union européenne, d’Afrique australe (SADC) et des pays du Commonwealth ont unanimement mis en doute cette semaine le bon déroulement du processus électoral. Ils ont souligné de « graves problèmes » ayant entaché la « régularité » et la « transparence » du scrutin, ainsi que la violation de « nombreuses normes internationales » régissant des élections démocratiques.

Des irrégularités et des violences signalées lors du scrutin

Des électeurs étaient introuvables sur les listes tandis que d’autres ont été la cible d’intimidations dans les bureaux de vote. Les observateurs ont également relevé le refus des autorités d’accréditer certains médias étrangers et mis en cause la partialité des médias publics locaux. Le vote s’est malgré tout déroulé dans un contexte « calme et pacifique », ont-ils noté. La commission électorale a reconnu que moins d’un quart des bureaux de vote à Harare avaient ouvert à l’heure prévue mercredi.

Une campagne électorale marquée par la répression et les irrégularités

La campagne électorale au Zimbabwe, qui avait été dirigé d’une main de fer par le héros de la libération Robert Mugabe, écarté en 2017 par un coup d’Etat, a été marquée par une répression sans nuance de l’opposition. Le CCC a dénoncé l’interdiction de dizaines de meetings et des arrestations d’opposants y compris chez des particuliers pour « réunion illégale », dans un pays déjà accablé par une longue histoire d’élections entachées d’irrégularités. Avant le scrutin, Human Rights Watch avait déjà épinglé un « processus électoral gravement défectueux ». « Les élections ont été entachées d’irrégularités et les Zimbabwéens lésés ainsi que la Coalition des citoyens pour le changement ont de bonnes bases pour saisir la justice », a estimé l’expert en politique, Rejoice Ngwenya, interrogé par l’AFP. En 2018, M Mnangagwa, le successeur de Mugabe, avait été élu de justesse (50,8 %). L’armée avait tiré sur des manifestants deux jours après le scrutin, faisant six morts. M Chamisa, déjà son adversaire à la présidentielle, avait contesté le résultat avant d’être débouté par la justice.