La fonte de la banquise en Antarctique met en péril les poussins de manchots empereurs : une espèce en danger d'extinction d'ici la fin du siècle
4 minutesLes poussins de manchots empereurs décimés par la fonte de la banquise en Antarctique
Selon une étude scientifique parue le 24 août, la fonte de la banquise en Antarctique a entraîné la disparition de tous les poussins de plusieurs colonies de manchots empereurs. Cette fonte record de la banquise a eu lieu au printemps dernier, au beau milieu de la période de reproduction de l’espèce. Si rien n’est fait pour lutter contre le réchauffement climatique, le manchot empereur pourrait être la première espèce polaire à disparaître d’ici à la fin du siècle.
Un échec majeur pour la reproduction des manchots empereurs
Dans les colonies étudiées dans la région de la mer de Bellingshausen, dans l’ouest de l’Antarctique, toutes sauf une ont connu une perte « catastrophique » de 100 % de leurs poussins. Ces derniers se sont noyés ou sont morts de froid lorsque la glace de la banquise a cédé sous leurs pattes. Les chercheurs rapportent que les poussins n’étaient pas suffisamment matures pour faire face à de telles conditions climatiques.
Peter Fretwell, chercheur au British Antarctic Survey et auteur principal de l’étude, qualifie cet événement de « premier échec majeur de la reproduction des manchots empereurs dans plusieurs colonies en même temps en raison de la fonte de la banquise ». Selon lui, cela pourrait être un signe précurseur de ce qui attend ces oiseaux marins à l’avenir.
Une reproduction déjà complexe et fragile
La période de reproduction des manchots empereurs se déroule en plein hiver austral, lorsque les températures sont les plus rudes. Ce processus s’étend sur plusieurs mois, comprenant l’accouplement, le couvage et le moment où les poussins deviennent autonomes. Ces oiseaux comptent environ 250 000 couples reproducteurs, tous présents en Antarctique, selon une étude de 2020. Les colonies de la mer de Bellingshausen représentent moins de 5 % de ce total.
La fonte précoce de la banquise antarctique au printemps dernier a donc mis en péril la reproduction des manchots empereurs. Cette situation alarmante met en lumière l’urgence de prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver cette espèce emblématique des régions polaires.
Les manchots empereurs face aux conséquences du changement climatique
Les manchots empereurs, ces créatures emblématiques de l’Antarctique, sont confrontés à de graves menaces dues au changement climatique. En effet, selon une étude récente, environ 30% des colonies de manchots ont été touchées par la fonte de la banquise l’année dernière. Cette fonte accrue risque d’avoir de lourdes conséquences, notamment sur la survie des poussins, jugée incertaine selon M. Fretwell.
Une reproduction perturbée par la fonte de la banquise
Chaque année à partir de mars, les manchots empereurs entament un périple de près de 100 kilomètres pour rejoindre leurs sites de reproduction sur la banquise. Les femelles pondent un unique œuf qu’elles laissent entre les pattes du mâle afin d’aller se nourrir à plusieurs centaines de kilomètres de là. Durant cette période, les mâles prennent soin des œufs en les gardant au chaud, sous un pli de peau formant une poche incubatrice, sans s’alimenter ni se déplacer. Cependant, ce rituel traditionnel, immortalisé dans le film “La Marche de l’empereur”, subit désormais les répercussions du changement climatique, jusque-là épargné dans l’Antarctique.
Des conséquences pouvant mener à l’extinction
Bien que les manchots empereurs aient la capacité de trouver des sites de reproduction alternatifs, les pics de fonte sans précédent depuis 2016 risquent de dépasser leurs capacités d’adaptation. Les scientifiques estiment que “cette stratégie ne sera pas viable si l’habitat de reproduction devient instable au niveau régional”. Face à cette situation préoccupante, l’autorité américaine de protection de la faune a récemment classé le manchot empereur parmi les espèces menacées. En plus de la perte de leurs lieux de reproduction, ces animaux sont également fragilisés par l’acidification des océans, un autre effet du réchauffement climatique, qui menace les crustacés dont ils se nourrissent. Selon le British Antarctic Survey, si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel, la quasi-totalité des manchots empereurs pourrait disparaître d’ici la fin du siècle.