Une victoire historique pour l'Amazonie : le référendum approuve l'arrêt d'un gisement pétrolier en Equateur
4 minutesVictoire historique : un référendum approuve l’arrêt d’un gisement pétrolier en Equateur
Lors d’un référendum organisé dimanche en Equateur, les citoyens ont voté à 59% en faveur de l’arrêt de l’exploitation pétrolière dans le gisement emblématique de la réserve amazonienne de Yasuni. Cette décision constitue une victoire historique pour les défenseurs de l’Amazonie.
Une consultation nationale demandée depuis dix ans
Ce référendum, réclamé par un groupe environnemental depuis une décennie, s’articulait autour du futur du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), qui représente 12% de la production pétrolière quotidienne de l’Equateur. Autorisée en mai par la plus haute juridiction du pays, cette consultation nationale a permis aux citoyens de se prononcer souverainement sur l’avenir du gisement.
La compagnie pétrolière nationale Petroecuador, qui s’était vue accorder l’autorisation d’intervenir sur environ 300 hectares du Yasuni, s’est engagée à se conformer à cette “décision souveraine” des Equatoriens. De son côté, le gouvernement, opposé à cette consultation, estimait que la révocation du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini entraînerait des pertes économiques de l’ordre de 16,47 milliards de dollars sur vingt ans.
Un symbole de démocratie climatique et de préservation de la biodiversité
Outre la question de l’exploitation pétrolière, le “bloc 43” de Yasuni est devenu un symbole de la lutte pour la démocratie climatique. Des célébrités du monde entier et des activistes ont suivi de près ce référendum et exprimé leur soutien. Leonardo DiCaprio, qui a fait campagne pour l’arrêt de l’exploitation pétrolière, a salué le référendum comme étant “un exemple de démocratisation de la politique climatique”. De son côté, Greta Thunberg, militante suédoise, a qualifié cette décision de “véritable action climatique”.
Le Yasuni, réserve naturelle exceptionnelle par sa richesse en biodiversité, s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire. Il abrite également des communautés indigènes telles que les Waorani, les Kichwa, les Tagaeri, les Taromenane et les Dugakaeri, qui ont choisi de vivre en isolement volontaire pour échapper à la civilisation moderne. Cette victoire au référendum est donc également une avancée majeure pour la protection de la vie et des peuples indigènes en Equateur.
L’Equateur arrête les forages pétroliers grâce à la démocratie climatique directe
Le groupe environnemental Yasunidos et un collectif d’ONG célèbrent une « victoire historique pour l’Equateur et pour la planète ». En effet, suite à un référendum, l’Equateur est devenu le premier pays au monde à décider d’arrêter des forages pétroliers grâce à la démocratie climatique directe. Pour Yasunidos, c’est une première fois qu’un pays décide de défendre la vie et de laisser le pétrole dans le sol, marquant une victoire majeure pour les droits des peuples autochtones, la conservation de la forêt tropicale et la lutte contre le changement climatique.
Un impact économique important
L’exploitation du pétrole est un pilier de l’économie équatorienne depuis les années 1970. En effet, le pétrole brut est le premier produit d’exportation du pays, générant des revenus de 10 milliards de dollars en 2022, soit environ 10 % du PIB. Chaque jour, près de 500 000 barils de pétrole sont produits dans toute la partie amazonienne du pays, transportés par oléoduc vers la côte Pacifique. Cependant, malgré les bénéfices économiques pour l’Etat, cette industrie est également synonyme de dette, de pauvreté et de pollution à grande échelle, selon les activistes pro-environnement.
Un futur incertain pour l’Equateur
Le président sortant Guillermo Lasso avait pour projet de doubler la production nationale de pétrole. Cependant, il quittera le pouvoir en octobre à l’issue du second tour de la présidentielle anticipée. La candidate socialiste et le fils d’un milliardaire magnat de la banane seront les deux candidats en lice pour prendre le relais. Cette décision d’arrêter les forages pétroliers aura donc un impact certain sur l’avenir économique du pays. En parallèle, les habitants du district métropolitain de Quito ont également voté pour l’arrêt de l’exploitation minière dans certaines villes de la périphérie de la capitale. Cette décision vise à protéger un territoire déclaré réserve de biosphère par l’Unesco, souvent décrite comme le poumon de Quito et abritant notamment l’ours des Andes.