Le Parlement cambodgien confirme Hun Manet, fils de Hun Sen, comme nouveau premier ministre, provoquant une controverse
4 minutesLe Parlement cambodgien confirme Hun Manet comme nouveau premier ministre, succédant à son père
Mardi 22 août, le nouveau Parlement cambodgien a confirmé par un vote la transmission dynastique du pouvoir entre Hun Sen et son fils Hun Manet. Ce dernier avait remporté largement les dernières élections législatives, qui ont été fortement controversées.
Un scrutin controversé
Le scrutin qui a eu lieu le 23 juillet a vu le Parti du peuple cambodgien (PPC) obtenir 120 des 125 sièges de l’Assemblée nationale. Cependant, cette élection a été marquée par des critiques, car la principale force d’opposition, le Parti de la bougie, en avait été écartée. Quelques jours après les élections, Hun Sen, âgé de 71 ans, a annoncé sa démission de son poste de premier ministre au profit de son fils aîné, Hun Manet. Hun Sen est resté au gouvernement pendant trente-huit ans, dont trente-trois en tant que premier ministre et cinq ans en tant que vice-premier ministre.
Une élection sans surprise
Le doyen de l’Assemblée a annoncé mardi matin l’élection du fils aîné de Hun Sen à la quasi-unanimité des votants, soit 123 voix sur 125. Cette élection entérine ainsi la victoire du parti aux élections législatives du mois dernier. Dans son discours après l’élection, Hun Manet a qualifié cette journée d’historique pour le Cambodge. Il a affirmé que les élections de juillet étaient libres, justes, équitables et transparentes et a promis d’accélérer les réformes pour faire du pays une nation prospère. Il a également rendu hommage à l’héroïsme de son père pour avoir sauvé le pays des Khmers rouges. Le roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, a ouvert la session inaugurale du nouveau Parlement et a félicité les députés, ainsi que le nouveau premier ministre, Hun Manet, qui était vêtu d’habits traditionnels.
Le frère cadet de Hun Manet nommé ministre de la fonction publique
Selon un projet de liste des nouveaux membres du cabinet consulté par l’Agence France-Presse, Hun Many, le frère cadet de Hun Manet, deviendra ministre de la fonction publique. De plus, les fils des ministres de l’intérieur et de la défense prendront la relève de leurs pères respectifs. Neth Savœun, le neveu de Hun Sen et actuel chef de la police nationale, sera quant à lui nommé vice-premier ministre.
Critiques internationales après les élections controversées
Les élections du mois dernier au Cambodge ont été vivement critiquées par les Etats-Unis, l’Organisation des Nations unies et l’Union européenne, qui les qualifient de ni libres ni équitables. Hun Sen, ancien cadre khmer rouge au pouvoir depuis 1985, a réagi aux critiques de la communauté internationale en affirmant que le passage du pouvoir à son fils éviterait un “bain de sang pour s’emparer du pouvoir” à sa mort. Il a également averti que s’il y avait des menaces sur la vie de son fils, il redeviendrait alors premier ministre.
Hun Manet, l’héritier controversé et les relations avec la Chine
Agé de 45 ans et général quatre étoiles, Hun Manet était déjà membre du comité permanent du Parti du peuple cambodgien et dirige l’armée royale cambodgienne depuis 2018. Il a déjà rencontré de grands dirigeants étrangers, dont le président chinois Xi Jinping, qui est considéré comme un allié précieux pour le Cambodge. Titulaire d’un doctorat en économie de l’université de Bristol au Royaume-Uni, Hun Manet est également le premier Cambodgien diplômé de l’académie militaire américaine de West Point. Cependant, son parcours international ne garantit pas nécessairement une approche libérale ni un changement par rapport aux méthodes autoritaires de son père. Sous la direction de Hun Sen, le Cambodge est devenu l’un des principaux alliés de la Chine dans la région, recevant d’importants investissements chinois.
Hun Sen prévoit quant à lui de devenir président du Sénat au début de l’année prochaine, soit le deuxième rang protocolaire après le roi, et remplacera ce dernier en tant que chef de l’Etat lorsque le roi sera à l’étranger. Hun Sen a également déclaré qu’il continuerait à occuper d’autres postes au moins jusqu’en 2033.