Enquête conjointe entre l'Ethiopie et l'Arabie saoudite : des centaines de migrants tués, des preuves accablantes émergent
3 minutesMigrants tués en Arabie saoudite : l’Ethiopie annonce une enquête conjointe
Le gouvernement éthiopien a décidé de mener une enquête conjointe avec l’Arabie saoudite suite à un rapport publié par Human Rights Watch (HRW) accusant les gardes-frontières saoudiens d’avoir tué des centaines de migrants éthiopiens entre mars 2022 et juin 2023. Le ministère des Affaires étrangères éthiopien a annoncé cette collaboration dans un communiqué publié sur le réseau social X.
Appel à la retenue et à l’attente des résultats de l’enquête
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères a également appelé à la retenue et à éviter les déclarations inutiles jusqu’à la fin de l’enquête. Le gouvernement éthiopien affirme que malgré cette tragédie, les deux pays entretiennent de bonnes relations depuis longtemps. Il est important de laisser l’enquête suivre son cours.
Contestation des faits par l’Arabie saoudite et appel des Etats-Unis à ouvrir une enquête
Les autorités saoudiennes contestent les faits rapportés par HRW, les qualifiant d’infondés et ne reposant pas sur des sources fiables. Les Etats-Unis, alliés de longue date de l’Arabie saoudite, ont exprimé leurs préoccupations concernant ces allégations et ont appelé à l’ouverture d’une enquête approfondie et transparente. Le respect des obligations en vertu du droit international est également exigé.
Des migrants éthiopiens victimes de violences à la frontière saoudienne
Un rapport publié par Human Rights Watch (HRW) met en lumière la situation alarmante des migrants éthiopiens tentant de rejoindre l’Arabie saoudite en passant par le Yémen. Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a qualifié ce rapport de “très inquiétant”. Le bureau des droits humains de l’ONU est conscient de la situation, mais il est difficile de la confirmer compte tenu des difficultés sur place.
Des témoignages et des preuves accablants
Le rapport de HRW repose sur des entretiens avec trente-huit migrants éthiopiens, ainsi que sur des images satellites, des vidéos et des photos provenant des réseaux sociaux ou d’autres sources. Ces témoignages font état de l’utilisation d’“armes explosives” et de tirs à bout portant par les gardes-frontières saoudiens. Ces derniers allaient jusqu’à demander aux migrants éthiopiens “sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire”. Les témoignages font état de scènes horribles, avec des hommes, des femmes et des enfants gravement blessés, démembrés ou déjà morts.
Des appels à l’action
De nombreux migrants ont vécu l’horreur et en témoignent, comme cette jeune femme de 20 ans originaire d’Oromia, en Ethiopie, qui a déclaré : “Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie de balles. J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes, mais on n’a pas pu l’aider car on courait pour sauver nos propres vies”. Face à ces graves allégations, HRW demande à Riyad de mettre immédiatement fin à l’utilisation de la force meurtrière contre les migrants et les demandeurs d’asile. L’ONG en appelle également à l’ONU pour qu’elle diligente une enquête approfondie sur ces violations des droits humains.
Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la “route de l’Est” qui passe par le Yémen, un pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. Cette situation met en évidence la nécessité d’une protection accrue des migrants et demandeurs d’asile, ainsi que la responsabilité de la communauté internationale dans la prévention de ces violences inacceptables à la frontière saoudienne.