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Bernardo Arevalo, le sociologue inattendu, élu président du Guatemala pour un nouveau départ historique
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Bernardo Arevalo, le sociologue inattendu, élu président du Guatemala pour un nouveau départ historique

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Bernardo Arevalo, candidat surprise, élu président du Guatemala

Le Guatemala a été marqué par une surprise lors du second tour de l’élection présidentielle. Bernardo Arevalo, un sociologue de 64 ans, a remporté l’élection face à Sandra Torres, ancienne première dame et candidate soutenue par le président sortant Alejandro Giammattei. Les résultats officiels du Tribunal suprême électoral (TSE) ont confirmé la victoire de M. Arevalo avec 59% des voix, tandis que sa rivale n’a recueilli que 36% des voix. La présidente du TSE, Irma Palencia, a qualifié cette victoire d’“extrêmement importante”. Bernardo Arevalo prendra ses fonctions le 14 janvier 2024.

Un scrutin sans incident majeur et une participation historique

Le second tour de l’élection présidentielle au Guatemala s’est déroulé dans le calme, sans signaler aucun “incident significatif” selon le TSE. Les quelque 3 500 bureaux de vote du pays ont enregistré une participation historique, bien que les détails n’aient pas été précisés. Cette élection a attiré l’attention du pays tout entier et les électeurs ont exprimé leur volonté de changement. Les deux candidats, Bernardo Arevalo et Sandra Torres, se revendiquent tous les deux de centre gauche, mais M. Arevalo a su incarner les espoirs de changement, notamment auprès des jeunes. Sa victoire a symbolisé l’aspiration d’un nouveau départ pour un pays profondément marqué par les inégalités.

Bernardo Arevalo, le symbole d’un nouveau départ

Bernardo Arevalo, sociologue et ancien diplomate, a réussi à se qualifier de manière surprenante lors du premier tour de l’élection présidentielle. Fils du premier président démocratiquement élu du Guatemala, Juan José Arevalo, il représente un symbole fort pour le pays. Il a exprimé sa volonté de changer les choses et de rompre avec la corruption politique qui a sévi pendant des années. Selon les sondages, sa victoire était de plus en plus probable et il a réussi à convaincre les électeurs guatémaltèques de lui faire confiance. Maintenant élu président, Bernardo Arevalo devra relever de nombreux défis pour mener le pays vers un avenir meilleur.

Les promesses de Sandra Torres et son soutien inattendu

A la tête du parti Unité nationale de l’espoir (UNE), Sandra Torres avait, de son côté, promis des programmes d’aide sociale et diverses subventions pour les pauvres. Cependant, elle avait gagné le soutien de la droite et des évangélistes et multiplié les discours conservateurs. L’ancienne épouse de l’ex-président de gauche Alvaro Colom (2008-2012) bénéficiait du soutien silencieux du président sortant Alejandro Giammattei, dont le mandat a été marqué par la répression contre les magistrats et les journalistes qui dénonçaient la corruption. Elle avait aussi l’appui de la puissante élite économique alliée au gouvernement.

La campagne de Sandra Torres centrée sur la lutte contre la criminalité et la pauvreté

Mme Torres, plusieurs fois candidate malheureuse à la présidence par le passé, a focalisé sa campagne sur la lutte contre les bandes criminelles et contre la pauvreté, et a multiplié les attaques contre son rival, qu’elle a qualifié d’étranger « car né en Uruguay durant l’exil de son père ». « Nous ne pouvons pas permettre que le Guatemala tombe entre les mains de radicaux. Nous ne pouvons pas permettre que le Guatemala devienne un Venezuela ou un Cuba », a déclaré Mme Torres, qui a fait l’objet des mêmes accusations de la part de rivaux de droite lors de ses deux campagnes précédentes. Dans la dernière ligne droite de la campagne, vendredi, elle a même mis en doute la partialité du processus électoral, se disant « préoccupée par toute altération des données » de comptage des voix par les personnes habilitées du TSE.

La tentative d’écarter Bernardo Arevalo et les défis du Guatemala

La spectaculaire percée de Bernardo Arevalo a suscité des préoccupations parmi les élites économiques et politiques du pays, qui le voient comme un danger pour leurs intérêts, et le ministère public a multiplié les procédures à son encontre. Sur avis du parquet, un juge avait ordonné le 12 juillet la suspension de son parti Semilla pour de supposées irrégularités lors de sa création en 2017. La Cour constitutionnelle avait suspendu cette décision, annulée vendredi par la Cour suprême. La veille, le procureur Rafael Curruchiche, sanctionné pour « corruption » par Washington, avait annoncé de possibles arrestations à venir de dirigeants de Semilla. La communauté internationale et les analystes considèrent les actions du ministère public comme une tentative d’écarter M Arevalo de l’élection. Trois décennies après la fin de sa brutale guerre civile, le pays le plus peuplé d’Amérique centrale est enlisé dans la pauvreté, la violence et la corruption, ce qui pousse chaque année des milliers de Guatémaltèques à émigrer.