L'Espagne demande la reconnaissance des langues basque, catalane et galicienne par l'Union européenne : une décision symbolique ou un réel soutien linguistique ?
4 minutesL’Espagne demande la reconnaissance du basque, du galicien et du catalan comme langues officielles par les institutions européennes
Le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez a officiellement demandé que le basque, le catalan et le galicien soient reconnus comme langues officielles au sein des institutions européennes. Cette mesure répond à une demande du parti Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), en échange de leur soutien aux socialistes lors de l’élection du président du Congrès des députés.
Un droit d’accès aux documents et administrations dans ces trois langues
Si cette demande aboutit, les citoyens de l’Union européenne auront le droit d’accéder à tous les documents et administrations dans les langues basque, catalane et galicienne. De plus, des interprètes et traducteurs spécifiques seront disponibles au sein des institutions communautaires pour assurer une communication fluide.
Une demande formelle adressée à l’Union européenne
Le ministre des affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, a écrit une lettre à la présidence du conseil de l’Union européenne dans laquelle il demande que la requête espagnole soit inscrite à l’ordre du jour de la prochaine réunion du conseil des affaires générales à Bruxelles, prévue pour le 19 septembre. Cette démarche fait suite à un accord conclu avec le parti Junts per Catalunya.
Un soutien nécessaire pour l’investiture de Pedro Sanchez
En raison de l’égalité du nombre de députés entre la droite et la gauche suite aux dernières élections législatives, le soutien des sept députés de Junts est primordial pour que Pedro Sanchez puisse obtenir l’investiture lors d’un deuxième vote du Parlement prévu dans les prochaines semaines. Cette décision de demander la reconnaissance des langues régionales a été prise dans le cadre de cet accord politique.
L’engagement de Pedro Sanchez envers la promotion des langues régionales
Pedro Sanchez a déclaré mercredi que la promotion des langues de l’État espagnol était un engagement qu’il afficherait tout au long de la présidence espagnole de l’Union européenne. Bien que le gouvernement se soit déjà engagé en 2022 à permettre la reconnaissance du catalan à Bruxelles, cette demande officielle n’avait pas encore été formalisée.
Une exigence supplémentaire pour les séparatistes
La demande de reconnaissance des trois langues au niveau européen a été ajoutée par la formation séparatiste à ses deux revendications fondamentales. Ces revendications incluent un référendum d’autodétermination et une amnistie pour toutes les personnes poursuivies après l’échec de la tentative de sécession.
Un obstacle symbolique pour la reconnaissance des langues régionales
Malgré cette demande, il est peu probable que la reconnaissance des trois langues régionales reste autre chose qu’un symbole. En effet, une modification de la réglementation nécessiterait un vote à l’unanimité du Conseil, ce qui est peu probable. Certains États membres seraient réticents à soutenir une telle mesure, de peur que les défenseurs des langues régionales dans leur propre pays l’adoptent.
Un processus long et laborieux
Même en cas de décision favorable, il faudrait plusieurs années avant que la mesure puisse être mise en application. L’Irlande, membre depuis 1973, a dû attendre jusqu’en 2005 pour que ses traités soient traduits en gaélique, sa langue officielle. Ce n’est qu’en 2007 que l’irlandais a obtenu le statut de langue officielle de l’UE, mais il a fallu encore quinze années supplémentaires pour que les traductions soient effectives au même niveau que les autres langues dans les institutions européennes.
Les langues officielles de l’Union européenne
Actuellement, l’Union européenne compte vingt-quatre langues officielles. Il s’agit de l’allemand, du bulgare, du tchèque, du croate, du danois, du slovaque, du slovène, de l’espagnol, de l’estonien, du finlandais, du français, du grec, de l’hongrois, de l’anglais, de l’irlandais, de l’italien, du letton, du lituanien, du maltais, du néerlandais, du polonais, du portugais, du roumain et du suédois. Lorsqu’un pays devient membre de l’Union européenne, sa langue est ajoutée à cette liste, bien que des exceptions existent. Par exemple, le luxembourgeois n’a jamais obtenu le statut de langue officielle, tout comme le turc, qui pourtant est la langue officielle de Chypre avec le grec.