Des affrontements meurtriers à Tripoli : L'arrestation d'un colonel déclenche une violente confrontation entre deux groupes armés
4 minutesDes affrontements meurtriers à Tripoli
De violents affrontements ont éclaté dans la banlieue sud-est de Tripoli, la capitale libyenne, entre deux groupes armés, faisant au moins 27 morts et une centaine de blessés. Ces combats ont duré du lundi 14 au mardi 15 août, avant de prendre fin suite à l’annonce de l’arrestation du colonel Mahmoud Hamza, chef de la « Brigade 444 », par la « Force Al-Radaa ».
Secours et évacuation des blessés
Le Centre de médecine d’urgence, l’agence responsable des secours dans l’ouest du pays, a établi un bilan provisoire faisant état de 234 familles secourues et extraites des zones de combat, ainsi que de plusieurs dizaines de médecins et d’infirmiers étrangers. Trois hôpitaux de campagne et une soixantaine d’ambulances ont été mobilisés pour secourir les blessés et évacuer les civils vers des zones plus sûres. En raison de la situation, les vols ont été suspendus à l’aéroport de Mitiga, le seul aéroport civil de la capitale, et les avions ont été temporairement déplacés.
Les raisons de l’arrestation inconnues
Les affrontements ont débuté suite à l’arrestation du colonel Mahmoud Hamza, commandant de la « Brigade 444 », par la « Force Al-Radaa ». Ces deux groupes font partie des plus influents à Tripoli, où l’un des deux gouvernements rivaux est basé. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est en proie à des divisions alimentées par la prolifération de groupes armés aux alliances changeantes. Jusqu’à présent, aucune information n’a été divulguée sur les motivations de cette arrestation.
Un retour au calme grâce à un accord
Tard mardi, le « conseil social » de Soug el-Joumaa, un secteur du sud-est de Tripoli et fief de la « Force Al-Radaa », a annoncé qu’un accord avait été conclu avec le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, pour transférer le colonel Mahmoud Hamza à une « partie neutre », sans préciser laquelle. Selon un communiqué lu à la télévision par le doyen du conseil, cette mesure sera suivie d’une désescalade et d’un cessez-le-feu, ce qui a permis un retour au calme dans la nuit de mardi à mercredi à Tripoli.
Le premier ministre libyen se rend à Ain Zara pour évaluer les dégâts des affrontements
Accompagné de son ministre de l’intérieur, le premier ministre de la Libye, M Dbeibah, s’est déplacé dans le quartier d’Ain Zara, situé dans le sud-est de Tripoli, pour constater les dégâts causés par les récents affrontements. Marchant dans les rues de ce quartier densément peuplé, M Dbeibah a pu prendre conscience de l’ampleur des dégâts. Suite à cette visite, il a donné des instructions pour que les dégâts matériels soient recensés afin de pouvoir dédommager les citoyens concernés. Cette information a été relayée par le centre média du gouvernement sur Facebook.
Le ministère de l’Intérieur met en place un dispositif de sécurité
Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur a déployé un dispositif de sécurité afin de surveiller le cessez-le-feu et d’envoyer des forces dans les secteurs les plus tendus de Tripoli. Les vols commerciaux en provenance et à destination de Tripoli, qui avaient été déviés vers Misrata, une ville située à 200 kilomètres à l’est, n’ont toujours pas repris mercredi matin.
La Libye cherche à sortir du chaos
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye tente de se remettre d’une période de chaos d’une décennie. Le pays est miné par les divisions internes et les ingérences étrangères. Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis plus d’un an : l’un est basé à Tripoli, à l’ouest, dirigé par M Dbeibah et reconnu par l’ONU, tandis que l’autre est situé à l’est et soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar.
Appels à la désescalade et à la préservation de la sécurité
Mardi, la mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a exprimé son inquiétude face aux récents événements et à leur impact sur les civils dans un communiqué. La Manul a appelé à une désescalade immédiate, au dialogue et à la préservation des progrès réalisés en termes de sécurité ces dernières années. Les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Italie et de l’Union européenne ont également fait écho à ces appels de la Manul, en demandant une cessation des hostilités.