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Primaires en Argentine : Une élection cruciale marquée par l'inflation et le désenchantement politique

Primaires en Argentine : Une élection cruciale marquée par l'inflation et le désenchantement politique

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Primaires en Argentine : le pays vote pour sélectionner les futurs candidats à la présidentielle

Ce dimanche, vingt-deux tickets “président et vice-président” s’affrontent lors des élections primaires en Argentine afin de décider des candidats à la présidentielle d’octobre. Le pays est miné par l’inflation, ce qui rend l’issue incertaine de ce scrutin crucial pour la succession d’Alberto Fernandez, classé au centre-gauche, qui ne se représentera pas.

Un vote épuisé par l’inflation et le désenchantement politique

Les Argentins, épuisés par l’inflation et désabusés par leurs politiques, ont commencé à voter ce dimanche 13 août lors d’élections primaires visant à désigner les candidats à la présidentielle d’octobre. Ce scrutin est perçu comme une sorte de sondage grandeur nature en deux phases. Les plus de 35 millions d’électeurs sont appelés à présélectionner les partis qui participeront à la présidentielle du 22 octobre et à choisir leurs candidats.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures, heure locale (13 heures, heure de Paris) et accueilleront les Argentins jusqu’à 18 heures (23 heures, heure de Paris). Les premiers résultats sont attendus vers 3 heures du matin, heure de Paris.

La course pour diriger l’Argentine

L’Argentine, troisième économie d’Amérique latine avec un potentiel agricole et de matières premières spectaculaire, se trouve en mauvaise posture. Elle est en proie à une inflation à deux chiffres depuis douze ans, avec une augmentation de +115 % sur un an. Le pays est également lourdement endetté auprès du Fonds monétaire international (FMI) et affiche un taux de pauvreté de 40 %.

Vingt-deux tickets “président et vice-président” rivalisent pour prendre en charge cette situation difficile. Seul une demi-douzaine subsistera dimanche soir en vue de l’élection présidentielle du 22 octobre. Parmi eux, deux blocs dominants devraient prendre la tête, d’où émergera le prochain président. Alberto Fernandez, actuellement en poste et très impopulaire, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne se représentera pas.

Les favoris dans chaque camp

Dans le camp gouvernemental de centre-gauche, Sergio Massa, ministre de l’économie âgé de 51 ans, est assuré de remporter les primaires malgré la concurrence d’une candidature mineure située plus à gauche. Massa a réussi à rassembler le camp péroniste et a su garder l’attention du FMI. Cependant, sa gestion d’une économie en soins intensifs depuis un an jouera en sa défaveur.

Dans l’opposition de droite, une véritable primaire serrée oppose le maire de Buenos Aires depuis 2015, Horacio Larreta, âgé de 57 ans, qui se présente en tant que modéré et partisan de la concertation, à Patricia Bullrich, ancienne ministre de la sécurité âgée de 67 ans, qui promet des méthodes “choc” en matière d’économie et de sécurité. Il s’agit là de la grande inconnue de cette élection.

Analyse politique des primaires argentines

Les primaires ouvertes, simultanées et obligatoires (PASO) en Argentine ont toujours été un moment clé pour évaluer les forces en présence et anticiper les résultats de l’élection présidentielle. En 2019, par exemple, le score d’Alberto Fernandez lors des primaires avait préfiguré sa victoire à la présidentielle. Cependant, cette année, les PASO marquent une rupture avec l’absence de deux grandes figures politiques argentines : Cristina Kirchner et Mauricio Macri. Ce retrait pourrait annoncer la fin de la polarisation politique ou bien refléter une désillusion générale envers les deux présidences qui ont précédé.

Un paysage politique sans deux figures emblématiques

Cristina Kirchner, ancienne présidente péroniste, et Mauricio Macri, son prédécesseur libéral, ne participeront pas aux primaires cette année. Leur absence suscite des interrogations sur l’avenir de la polarisation politique en Argentine. Certains y voient un répit, tandis que d’autres pensent que cela pourrait traduire une désillusion généralisée envers ces deux présidences contrastées.

Une désaffection croissante de l’électorat

L’électorat argentin semble se désintéresser de plus en plus de la politique. Juan Negri, politologue de l’université Torcuato di Tella, diagnostique une désaffection croissante dans un pays qui avait pourtant des identités politiques marquées. Malgré le caractère obligatoire du vote, les analystes prédisent une forte abstention, probablement supérieure à 25%. Cette désaffection pourrait favoriser l’émergence d’un “troisième homme”, en l’occurrence Javier Milei, économiste ultralibéral-libertaire dont le discours contre la “caste” politique avait déjà fait sensation lors des législatives de 2021.

Enjeux pour les primaires

En plus des candidats à la présidentielle, les Argentins sont également appelés à présélectionner des candidats pour la Chambre des députés et le Sénat lors des primaires. Ces institutions seront partiellement renouvelées lors des élections du 22 octobre. Ainsi, le résultat des primaires déterminera également la composition future du Congrès argentin.

Conclusion

Les primaires argentines de cette année marquent un tournant dans le paysage politique argentin, avec l’absence de Cristina Kirchner et Mauricio Macri. Cette situation fait naître des interrogations quant à l’avenir de la polarisation politique du pays. De plus, l’électorat argentin semble de plus en plus désintéressé de la politique, ce qui pourrait se traduire par une forte abstention lors des primaires. Dans ce contexte, il est intéressant de suivre l’évolution du discours de Javier Milei, qui pourrait tirer profit de cette désaffection pour se positionner en tant que “troisième homme”. Les résultats de ces primaires auront donc une influence majeure sur l’avenir politique de l’Argentine.